Formation Bac +5 : des cursus influencés par les besoins des entreprises

Juliette Fauchet, Olivier James, et Corinne Zerbib (alias Presse) , 01 Informatique (n° 1934), le 06/02/2008

Ecoles d'ingénieurs publiques, privées ou universités, ce sont aujourd'hui 220 organismes accrédités par la toute-puissante Commission des titres d'ingénieur pour délivrer un diplôme reconnu. Une véritable nébuleuse pour les jeunes étudiants issus de classes préparatoires, de DUT ou de licences en quête d'une formation informatique. Mais, spécialisés ou généralistes, tous ces établissements tendent vers un même objectif : former des profils adaptés aux quelque 18 000 à 20 000 postes à pourvoir depuis quelques années en France. Les écoles d'ingénieurs et les universités ont bien saisi l'importance de faire évoluer leur contenu pédagogique pour répondre aux nouvelles attentes du marché. « Un changement obligatoire au regard de l'évolution des technologies en informatique, de leur usage dans les entreprises mais aussi des effets de la mondialisation qui obligent à gagner en compétitivité et à s'inscrire dans la mouvance d'un des marchés les plus dynamiques qui soit en matière d'innovation » , souligne Laurent Michel, directeur de l'Institut international d'ingénierie informatique et management (4IM).

Cursus à la carte et internationalisation

C'est pourquoi, depuis deux ans, les écoles et les universités mettent l'accent sur les nouvelles technologies comme Java EE, .Net ou SOA, et donnent aux étudiants une vision plus globale de l'informatique d'entreprise, avec des enseignements sur les architectures des systèmes d'information, la gestion des cycles de vie des produits ou le management... « L'enseignement suit l'évolution technique en faisant l'impasse sur certains langages ou sur des services comme la maintenance qui sont des prestations aujourd'hui sous-traitées à des pays tiers. En revanche, il prend en compte de nouveaux aspects tels que la gestion de projet, celle des équipes ou du budget, l'économie, le droit, tout ce qui compose aujourd'hui le métier d'ingénieur » , ajoute Laurent Michel. Rachel Brunet, DRH du groupe les jeudi.com, confirme cette tendance : « Les entreprises attendent des ingénieurs qu'ils soient polyvalents, compétents en nouvelles technologies et en management. »

Pour s'inscrire dans cette mouvance, plusieurs écoles se sont mises à développer des cursus à la carte avec des enseignements aussi variés que la création et la production multimédia, ou l'entreprenariat et les projets innovants. Certaines entreprises profitent même de ces parcours personnalisés pour glisser quelques enseignements centrés sur leurs technologies. Ainsi SAP s'invite dans certaines écoles d'ingénieurs telles que l'ESCM (Ecole supérieure de commerce et de management), ou l'Epsi (Ecole privée des sciences informatiques) avec le souhait de codévelopper un mastère de consultant en PGI. Enfin, conscientes de l'importance de l'internationalisation, toutes les écoles d'ingénieurs et universités incitent leurs étudiants à s'enrichir d'une expérience à l'étranger. Et si l'Europe et les Etats-Unis restent les destinations dominantes, l'Australie, la Chine et l'Inde séduisent de plus en plus.

Les universités s'adaptent et séduisent

Fortement décrié par le passé, le cursus universitaire constitue désormais un vivier pour les entreprises qui ont à faire face à la pénurie de certains profils informatiques. Pour saisir cette opportunité, ces établissements ont su s'ouvrir au monde professionnel, proposant des stages en entreprise et offrant l'opportunité à certaines sociétés de participer ponctuellement à certains enseignements. Reste que, selon une étude de l'Apec, le taux d'emploi des jeunes diplômés de l'université demeure inférieur à celui des diplômés d'écoles d'ingénieurs avec, en 2006, plus des trois quarts des étudiants d'écoles embauchés, contre 69 % des diplômés de l'université. Autre disparité, celle du contrat de travail trouvé, avec 75 % des jeunes diplômés d'écoles d'ingénieurs et de commerce signataires d'un emploi en CDI, contre seulement 50 % pour les jeunes issus des universités. Certes les disparités persistent mais elles tendent à se réduire. Les diplômés de masters bénéficient, enfin, d'une reconnaissance certaine.