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Formation : les COOC débarquent dans les entreprises françaises

Par Lucas Jakubowicz pour JDN Mis à jour le 15/06/15 16:08

Version professionnelle du MOOC, le Corporate Open Online Course s'affranchit des frontières, des horaires et offre des coûts réduits.

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A l'heure de la réforme de la formation professionnelle, l'accent est plus que jamais mis sur des formations opérationnelles et certifiantes. Un avantage certain pour ce que l'on appelle les COOC. Mais d'abord… … qu'est-ce qu'un COOC ?
Le COOC, acronyme de Corporate Open Online Course, est une formation en ligne prodiguée par une entreprise. Il se distingue du MOOC qui est conçu par des établissements d'enseignement. Ses objectifs sont de faire connaître une culture d'entreprise ou de permettre aux salariés d'acquérir de nouvelles compétences. Il comprend les caractéristiques suivantes : mélange de théorie et de pratique, aspect ludique, communauté de partage regroupant apprenants et animateurs. Il récompense les meilleurs participants avec des certifications symboliques qui attestent de la validation de l'ensemble ou d'une partie de la formation. Les COOC se développent depuis deux ans. Une formation adaptée au salarié du XXIe siècle
"Si les COOC se développent à grande vitesse, c'est parce qu'ils répondent aux attentes des salariés qui en sont demandeurs. Tablette, ordinateur, smartphone… Le salarié est de plus en plus connecté et les occasions d'apprendre en ligne sont multiples", note Laetitia Pfeiffer, directeur transformation digitale chez Infosys, spécialiste du conseil en technologies innovantes et auteur du livre "MOOC-COOC, la formation professionnelle à l'heure du digital".
Autre point, dans un monde en perpétuel changement, les salariés sont de plus en plus contraints d'acquérir de nouvelles compétences. "Si les salariés n'ont pas un accès rapide et direct à l'information, ils iront la chercher ailleurs par leurs propres moyens", constate Laetitia Pfeiffer. "Pour fidéliser, les entreprises ont intérêt à instaurer des formations internes afin de développer un savoir-faire, stimuler l'intelligence collective et détecter les talents. Ce que permet le COOC", remarque-elle.
Soulignons également la volonté d'échanger entre pairs, en dehors d'un management pyramidal. "Nous avons lancé notre COOC suite à une enquête menée auprès de nos managers qui a révélé une attente forte pour le développement d'une culture collaborative et innovante", se rappelle Romain Petit, chargé de mission à la direction des communications chez Engie (ex GDf Suez).
Après un premier Cooc consacré à la segmentation des offres produits et solutions pour le service marketing, Frédéric Martin, Group Learning and development manager for innovation and performance chez Lafarge est satisfait des résultats obtenus: "le retour des salariés nous a encouragé à poursuivre l'aventure. Nous en préparons quatre nouveaux ". Du pain béni pour les entreprises
Heureux les salariés ? Sûrement autant que les employeurs. Le rêve de tout DRH de former l'ensemble de ses collaborateurs, à tout moment et quelle que soit leur localisation devient réalité.
Et cela pour un prix attractif : "Un COOC permet de réduire les coûts de formation. Plus besoin d'une myriade de formateurs ou d'immobiliser les salariés plusieurs heures. Il est possible de se former à son rythme", détaille Laetitia Pfeiffer.
Le COOC est idéal pour des équipes nombreuses, multinationales ou disséminées dans plusieurs villes. La formation et la mobilisation massive étaient l'objectif du COOC "We Transform" lancé en janvier 2015 par Engie. "Cette formation centrée sur la stratégie, la culture managériale et le digital a permis d'attirer plus de 15 000 collaborateurs à travers le monde dont 7500 actifs sur nos modules accessibles pendant 3 mois", s'enthousiasme Romain Petit.
"Ce qui est formidable avec le COOC, c'est que des collaborateurs peuvent suivre la même formation où qu'ils soient dans le monde", enchérit Frédéric Martin. "En 2014, nous avons mis en place un COOC nommé "Building Bloc". Il a formé à la segmentation des offres produits et solutions 50 cadres du service marketing dans 20 pays. Vous pouvez imaginer les économies, même si nous avons réalisé ce programme par conviction". Les COOC peuvent donc s'adresser à de petits effectifs. "Dans ce cas, ils se nomment SPOC, c’est-à-dire Small Private Online Course", précise Laetitia Pfeiffer. Un contenu multimédia et scénarisé
Chats, co-création sur des forums, communautés de pratiques, webinaires, vidéos, exercices… Le COOC permet une diversité de contenus. "Nous avons produit plus d'une cinquantaine de cours associés à des exercices qui pouvaient être des QCM, des questions ouvertes, des choix de visuels... Les apprenants pouvaient aussi échanger sur des forums. La collaboration et l'entraide sont au coeur de la progression", détaille Romain Petit. Un QCM sur le COOC We Transform. © Engie
Quelle aubaine pour stimuler et surprendre. "Les participants ont été invités par une vidéo mail du PDG du groupe. Nous avons également permis aux participants de présenter leurs exercices en live. Tous les participants pouvaient donner leur avis", souligne Frédéric Martin.
Mais un bon COOC doit-il être 100% digital ? Pour Laetitia Pfeiffer, "ce n'est pas une obligation. Certains COOC sont entièrement digitaux mais le lien réel n'est pas à négliger. Certaines étapes peuvent faire l'objet d'un cours en présentiel pour permettre une application directe ou la réalisation d'un cas pratique qui sera repris en présentiel. Je préconise une méthodologie blended learning, qui combine distanciel et présentiel". Geeks et spécialistes à la manœuvre
Une telle sophistication demande une véritable maitrise technologique et pédagogique. "Il faut des concepteurs qui connaissent très bien l'univers enseigné, un ingénieur pédagogique et une équipe technique capable d'animer une communauté d'apprenants", pointe Laetitia Pfeiffer. "Nous avons eu recours à environ 50 concepteurs internes capables de former sur des sujets pointus comme le biométhane. Et nous avons collaboré avec l'entreprise Coorpacademy", explique Romain Petit.
Il est aussi nécessaire d'avoir un community manager. Pour Laetitia Pfeiffer, son rôle est polyvalent. "Tour à tour enseignant, coach, pédagogue, il doit animer et gérer la communauté d'apprenants et aider chaque individu."
Cette logistique n'exclut-elle pas les plus petites entreprises ? "Pas vraiment. Il existe des prestataires comme Unow, 360 Learning ou Companieros qui accompagnent une PME de A à Z dans la conception de COOC sur mesure", nous explique Laetitia Pfeiffer. Apprendre c'est gagner
Valider un COOC demande du travail aux apprenants. "48 heures sur quatre semaines pour terminer Building Bloc", témoigne Frédéric Martin. Pour éviter le décrochage et encourager la stimulation, un COOC doit mobiliser les participants grâce à des classements ainsi que des récompenses symboliques ou réelles.
La validation de modules est souvent sanctionnée par des médailles virtuelles. "Nous distribuons sur la plateforme des médailles de bronze, d'argent, d'or et de platine. La médaille de platine donne droit à intervenir sur le forum du COOC en qualité d'expert", explique Romain Petit. Les participants peuvent rendre publiques leurs récompenses, ce qui rend la formation attractive et diminue très fortement le taux d'abandon.
Mais les récompenses peuvent aussi être réelles. "Les participants qui ont validé We transform pourront participer après tirage au sort à des déplacements avec la direction générale ou à des visites de sites. Nous proposons aussi de financer des certifications pour des MOOC universitaires. Le COOC est donc un point de départ pour aller plus loin", s'enthousiasme Romain Petit. Qu'en pensent les recruteurs ?
Adoption par les entreprises, adhésion des collaborateurs, économies réalisées… Tous les signaux seraient-ils au vert ? "La perfection n'existe pas. Le manque de reconnaissance de la certification en dehors de l'entreprise et le besoin de maîtrise des outils digitaux peuvent poser problème", admet Laetitia Pfeiffer.
élivrés par les universités, les diplômes de MOOC peinent à trouver grâce aux yeux des recruteurs. La situation est encore plus difficile pour les COOC, récents et élaborés pour une entreprise. Si un COOC peut aujourd'hui permettre des évolutions internes, il n'est pas encore perçu comme une réelle plus-value par les recruteurs. "Théoriquement, il est possible de mettre sur Linkedin une certification de COOC. Mais c'est rare. C'est à nous, spécialistes, de sensibiliser les acteurs du recrutement. La route est longue car le COOC est neuf", reconnaît Laetitia Pfeiffer.
Le COOC est centré sur la maîtrise d'outils informatiques et de réseaux sociaux. Malgré la digitalisation constante des salariés, il n'est donc pas à mettre entre toutes les mains. Laetitia Pfeiffer conseille de les appliquer à un public familier des technologies
PAUL-ANTOINE BISGAMBIGLIA | Mise à jour le 16/06/2015