Soutenance de thèse: Elisa HARDY (29 AVRIL 2025)
Centre: UMR SPE
Projet: RN
Discipline Aspects Moléculaires et Cellulaires de la Biologie et mention: Biochimie et Biologie Moléculaire
Titre de la thèse: Etude des activités et des mécanismes d'action de molécules antibactériennes dans une démarche "One Health"
Résumé vulgarisé:
Avec l'augmentation des résistances aux antibiotiques, il devient urgent de trouver de nouvelles solutions pour lutter contre les infections bactériennes. Si rien n'est fait, on estime que d'ici 2050, 35 millions de personnes pourraient mourir à cause d'infections devenues incurables.
Pour répondre à ce problème, deux approches sont possibles : rendre les antibiotiques à nouveau efficaces en bloquant les mécanismes qui permettent aux bactéries de résister ou d’être plus virulentes ; trouver de nouvelles molécules antibactériennes qui fonctionnent différemment des antibiotiques actuels.
Dans notre recherche, nous avons exploré des solutions naturelles en nous intéressant aux huiles essentielles et aux molécules dérivées du phénol. Nous avons testé 12 huiles essentielles issues de plantes insulaires. Deux d’entre elles se sont révélées particulièrement intéressantes :
L’huile essentielle de myrte verte (Myrtus communis), qui perturbe la communication entre certaines bactéries marines (Vibrio sp.), limitant ainsi leur capacité à briller dans l’obscurité, à se déplacer et à former un biofilm protecteur.
L’huile essentielle d’eucalyptus à cryptone (Eucalyptus polybractea), qui empêche une autre bactérie, Vibrio cholerae (responsable du choléra), de former un biofilm particulier (biofilm « en maille »), ce qui la rend plus vulnérable.
Nous avons ensuite étudié des molécules dérivées du phénol, largement présentes dans la nature, pour évaluer leurs capacités à tuer directement les bactéries. Nous avons découvert que deux de ces molécules agissent en synergie contre des staphylocoques, y compris des souches résistantes aux antibiotiques, dont le SARM (Staphylococcus aureus résistant à la méticilline), une bactérie très impliquée dans les pathologies cutanées chez l’Homme et les animaux.
La première molécule empêche la croissance des bactéries (effet bactériostatique). La seconde les détruit complètement (effet bactéricide).
Cette dernière présente un mécanisme d’action intéressant : elle entraîne la surproduction d’une molécule qui provoque l’explosion des bactéries. Cette molécule semble être apparentée à la famille des mélanines, des composés d’intérêt en cosmétique et en pharmacie.
Enfin, pour tester l’efficacité de notre découverte en conditions réelles, nous avons analysé des échantillons de lait de brebis à l’ODARC. Nous avons identifié une souche de staphylocoque résistante aux antibiotiques, mais qui s’est révélée sensible à notre mélange de molécules.
Ces résultats prometteurs ont conduit au dépôt d’un brevet européen concernant la synergie antibiotique, avec pour objectif de développer des alternatives aux antibiotiques, notamment pour le traitement des infections cutanées chez les animaux, comme les infections bactériennes des mamelles.
Une déclaration d’invention liée à l’appel à projet PUI Med’Innov a également été déposée afin de poursuivre les investigations sur la production du dérivé de mélanine ainsi que sur ses activités biologiques.
La soutenance aura lieu le mardi 29 avril à 14H, amphi Desanti 3, Bâtiment Desanti, sous la BU, campus Grimaldi
En savoir plus: Résumé scientifique
Mardi 29 avril 2025 à 14h00